L'origine du triangle dramatique
Ce triangle également baptisé triangle de Karpman, est extrait de l'Analyse transactionnelle fondée dans les années 60, par le psychiatre américain Éric Berne. Il nous offre une meilleure compréhension des mécanismes inconscients qui viennent, près de 75% du temps, saboter nos relations avec les autres. Ces jeux de manipulation psychologique se mettent en place le plus souvent dans des moments de conflits ou de désaccord.
Les trois rôles qui caractérisent le triangle de Karpman
- Le Persécuteur : dans ce rôle, nous avons tendance à ressentir l'envie de brusquer l'autre, le forcer, le faire changer, l'agresser, le critiquer, le rabaisser, etc. Nous dominons l'autre pour répondre à notre besoin de nous valoriser. Pour pouvoir exister, il est nécessaire qu'il y ait une victime.
- Le Sauveur : ici, nous avons besoin de nous sentir utile. Fortement attiré par la souffrance de la victime, elle nous permet de mettre en avant notre rôle de sauveur. Aussi, nous savons pour l'autre, ce qui est bon pour lui. Nous le déresponsabilisons et renforçons sa condition de victime : "je ne suis pas capable". Et voilà que nous arrivons en grand sauveur : "je vais faire pour toi". À chercher des solutions à tout prix, nous sentons grandir en nous cette envie, comme une urgence, de donner des conseils et de consoler.
- La Victime : nous voilà toujours dans la plainte et le sentiment d'incapacité. Passifs, nous rendons les autres ainsi que l'extérieur, responsables de notre problème, et nous nous déchargeons sur eux. "Ce n'est pas de ma faute", "je ne peux pas changer de toute façon." nous avons le sentiment d'être piégé, comme dans une impasse et nous cherchons à justifier notre incapacité.

Comment sortir de ce triangle infernal ?
Lorsque que nous nous trouvons au cœur d'un conflit, nous pouvons à présent prendre l'habitude de nous observer en conscience. Il est nécessaire d'être très attentif, car nos places peuvent évoluer d'une phrase à l'autre. Nous ne sommes jamais constamment dans le même rôle et ceci est une histoire sans fin. Ce qu'il faut comprendre avant tout, c'est que dans la réalité, la plupart du temps, personne n'est ni victime, ni persécuteur, ni sauveur. Nous sommes juste dans une situation de mésentente, neutre, où chacun peut librement exprimer son ressenti. L'inconscient, lui, nous invite à ce jeu pervers afin d'obtenir quelque chose de l'autre. Alors, comprenons que nous n'avons rien à obtenir de l'autre, mais juste à lui exprimer qui nous sommes, nos limites et nos émotions. Chacun reprend alors sa place et sa responsabilité sur la communication. Et lorsqu'il n'y a pas de victime, il ne peut y avoir ni sauveur, ni persécuteur. Ainsi, le jeu de manipulation peu cesser.

Parfois nous sommes seul(e) face à l'autre
En effet, nous pouvons nous retrouver seul à vouloir arrêter ce jeu de manipulation, face au groupe ou à l'autre nous nous sentons démunis. Dans ce cas, deux actions sont possibles afin de sortir du triangle dramatique :
- Valider la personne dans l'expression de son mal-être, afin d'apaiser la discussion et montrer à l'autre que nous l'avons entendu. Par exemple, "J'entends que tu es très en colère contre moi, parce que je ne te donne pas assez d'attention."
- Rappeler notre cadre et nos limites : nous pouvons accorder du temps à quelqu'un qui se plaint. Mais si nous ne nommons pas clairement le créneau que nous avons à lui accorder, nous risquons d'y passer la journée. Idem, pour les limites de respect et de bienveillance que nous attendons de la personne, il est important de les citer. "Je te demande de communiquer cette colère sans crier s'il te plait. Dans cette communication, je demande à être respecté(e)."

Restons bienveillants
C'est donc intéressant de connaitre le fonctionnement de notre psyché pour sortir de ces jeux psychologiques qui nous font la vie dure ! La bienveillance, la compassion et le respect, nous ramènent naturellement vers une communication plus saine. Néanmoins, il est important d'être attentif à ces schémas inconscients, pour ne pas s'y laisser piéger !