Enseigner la communication bienveillante pour une résistance non violente

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Nous avons coutume de dire que notre société est de plus en plus envahie par la violence, en actes, paroles et dans nos relations. Celle-ci touche toutes les classes sociales et tous les âges. Notre aptitude à la communication s'est paradoxalement tarie alors que les moyens d'échanges n'ont jamais été aussi nombreux et accessibles. Pour inverser cette tendance, faisons le choix de la bienveillance des uns envers les autres, développons notre capacité à la communication non-violente pour une vie plus paisible et un bien-être de tout un chacun.

La violence, un contexte de société assez permanent aujourd'hui 

Que ce soit dans nos grandes métropoles, nos villes, nos quartiers, même nos villages… dans nos médias, journaux, radios ou sur internet et les réseaux sociaux… dans nos relations et nos activités de tous les jours, même les plus ludiques et les plus festives a priori, la violence peut toujours et fait souvent irruption.

La violence se caractérise par le fait, par exemple, d'agir sur quelqu'un ou de le faire agir contre sa volonté, en employant la force et/ou l'intimidation. Nous agissons de manière violente par nos actes, notre attitude, nos sentiments… et nous renvoyons cette violence vers notre « cible » pour lui faire mal.

Pourquoi peut-on être ou devenir violent ?

Il s'agit la plupart du temps d'une réaction à une situation qui ne nous plaît pas et souvent à un mal-être profond du fait de notre histoire personnelle, familiale et ou sociétale au cours de laquelle nous avons subi des dysfonctionnements qui nous ont affecté psychologiquement.

Celle-ci est d'autant plus problématique qu'elle émane des nouvelles générations. Pourquoi ? D'une part, parce-que celles-ci sont plus jeunes, « en construction » et donc plus « fragiles » que les générations plus âgées ; et d'autre part, parce qu'elles représentent aussi l'avenir de notre société et nos communautés !

Quelle attitude peut-on opposer à cette violence ?

Bien évidemment la première attitude qui s'impose à nous, et ceci de façon presque « animale », est de répondre à la violence par la violence. De répondre coup pour coup. De rendre ce que l'on nous a opposé, en actes ou en paroles, de façon immédiate ou plus temporisé et calculé. La « vengeance est un plat qui se mange froid » dit le proverbe.

Et, avec le temps, si elle s'installe, cette violence détériore, de façon lancinante, notre vie de tous les jours et donc notre bien-être. Notre communication et nos relations en pâtissent, en famille, avec nos proches et moins proches, au sein même du couple et souvent aussi dans notre univers professionnel. Qui dit « violence » dit donc rupture du lien avec autrui, du partage, de la relation et donc de toute forme de communication.

Ce sont sur ces constats difficiles que s'est développée, depuis plusieurs années, le processus dit de « communication non violente » (CNV) et sa pratique. Ce « langage », créé par le psychologue américain Marshall Rosenberg (1934-2015), incite à pratiquer un dialogue positif, dénué de jugement et visant l'épanouissement de chacun. L'objectif est donc de se donner un maximum de chances d'obtenir ce que l'on souhaite en restant dans une communication bienveillante, sans blesser et en évitant de porter des jugements hâtifs et faux.

Comment pratiquer cette « communication non violente » ?

Elle s'établit autour des quatre piliers ou étapes que sont l'Observation (O), le Sentiment (S), le Besoin (B), la Demande (D).

  1. La première étape permet à l'interlocuteur de formaliser une observation, sans faire de jugement et de généralisation, en utilisant le « je », plutôt que le « tu » ou le « vous » (un peu « accusateurs »). Dans le cas concret d'une réunion professionnelle qui serait un peu agitée, l'observation première pourrait être « J'entends beaucoup d'échanges dans notre réunion ».
  2. La seconde, toujours en utilisant le « je », permet à l'interlocuteur d'exprimer son sentiment, son ressenti et/ou partager ses émotions. Dans notre exemple, cela pourrait être « Quand j'entends tous ces échanges, je me sens un peu dérangé et tendu ».
  3. C'est sur cette troisième étape que l'interlocuteur va exprimer son besoin. Le fait d'identifier ce besoin permet à l'interlocuteur de s'inscrire dans une action réparatrice. Dans notre exemple : « J'ai besoin de calme et de silence pour réfléchir au sujet de notre réunion».
  4. Enfin la demande, dernière étape, peut être faîte sans heurter et avec un maximum d'efficacité. « Pourriez-vous essayer de rétablir un peu de calme dans notre réunion ?»

Marshall Rosenberg explique pourquoi les « besoins » sont à la base de la CNV de la façon suivante : « Les jugements portés sur autrui sont des expressions détournées de nos propres besoins inassouvis ».

Marshall Rosenberg
Marshall Rosenberg

Utilisons, apprenons et faisons enseigner la communication non violente

Dans une société où les contextes propices à la « violence » ne manquent pas, où les occasions de rupture des liens, du partage et de nos relations sont légion… essayons de remettre la communication au centre, en utilisant le langage adapté de la « communication non violente ». Apprenons-la, et pratiquons-la bien sûr ! Et pourquoi ne pourrions-nous pas la voir enseignée à tous nos étudiants dès qu'ils seront en âge de la comprendre, au même titre que les mathématiques ou les langues étrangères ?

Sans forcément remettre au goût du jour un enseignement de la « morale », proposer cet outil simple, accessible mais aussi très efficace pour améliorer significativement et rendre authentiques les relations avec autrui.

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