Injonction à la maternité : et si nous ne voulions pas d'enfants ?

Notre société impose comme une évidence aux femmes de faire des enfants. Celles qui se soustraient à cette injonction sont souvent montrées du doigt et semblent devoir se justifier perpétuellement. Et s'il était temps de déconstruire le mythe de la maternité ?

Pression sociale à devenir mère

L'idée qu'il faut absolument se reproduire pour perpétuer la race humaine est profondément ancrée dans notre inconscient collectif.

Les femmes sont encadrées et incitées à devenir mères, à 20 ans c'est trop tôt, à 25 ans il faut lancer sa carrière, à 30 ans c'est le bon moment, à 35 ans il faut se presser et, passé 40 ans et plus, c'est inconscient.

Vestiges du patriarcat, la société impose aux femmes de procréer et détermine même pour elles le meilleur moment de leur existence pour le faire.

Dès l'enfance, chaque petite fille est conditionnée à devenir une maman. On lui offre presque systématiquement un bébé qu'elle doit apprendre à materner. Enracinées dès le plus jeune âge, ces injonctions sont difficiles à "défaire".

La société met beaucoup moins de poids et d'exigence sur l'accès à la parentalité des hommes. Par exemple, dès l'enfance, on ne donne pas une poupée à un garçon mais on lui demande s'il va être policier, pompier où astronaute, on le conditionne à être brillant, autonome et épanoui professionnellement.

Dès l'enfance, chaque petite fille est conditionnée à devenir une maman
Dès l'enfance, chaque petite fille est conditionnée à devenir une maman

Déconstruire le mythe de la maternité

Les femmes qui ne veulent pas d'enfants sont perçues comme anti-naturelles, elles doivent constamment se justifier et leurs justifications sont systématiquement mises en doute.

Elles entendent régulièrement ce genre de phrases violentes et intrusives: "tu regretteras plus tard", "tu ne sais pas ce que tu dis", "tu ne sais pas à coté de quel bonheur tu passes".  Comme si la parentalité était l'ultime moyen pour les femmes d'accéder au bonheur, alors que nous voyons tellement de parents au bord du burn out.

Pour certaines, ce n'est pas le moment ou pas à n'importe quel prix. Beaucoup de femmes préfèrent être seules que d'être avec le mauvais partenaire. D'autres femmes sont heureuses en couple mais sans désir de procréer.

Peu importe la raison, chaque choix et chaque histoire est légitime. Il existe aussi de nombreuses mères qui ne voulaient pas l'être et qui se retrouvent piégées par la pression sociale et les conventions, par la peur d'être anormale, jugée ou rejetée que ce soit par leur partenaire, leur famille ou leur entourage et qui sont malheureuses dans leur rôle de maman.

L'instinct maternel, trop souvent idéalisé n'est absolument pas inné et identique pour chaque femme. Parfois cette intuition maternelle se construit, parfois elle ne vient jamais, et c'est une observation que l'on peut faire partout dans le monde du vivant.

L'instinct maternel, trop souvent idéalisé n'est absolument pas inné
L'instinct maternel, trop souvent idéalisé n'est absolument pas inné

Soutenir une nouvelle normalité

Les femmes qui s'émancipent de l'injonction d'être mère et réussissent à penser par elles-mêmes sont des exemples d'autonomie et d'estime personnelle. Elles reconnaissent en elles leurs vrais besoins et les appliquent, malgré les jugements négatifs auxquelles elles sont confrontées. Elles devraient être soutenues par l'opinion publique.

La part des femmes qui ne veulent pas d'enfants est de 4,5%, c'est un chiffre en progression depuis plusieurs années.

Être mère ou ne pas être mère est un choix profondément personnel, aucune décision n'a plus de valeur qu'une autre. C'est un choix qui devrait se faire sans subir aucune pression. "Etre mère n'est pas la seule destinée d'une femme c'est un destin parmi tant d'autres" comme l'explique Chloé Chaudet dans son livre : "J'ai decidé de ne pas être mère".

Des femmes invisibilisées

Le non-désir d'enfant est un sujet logique de l'émancipation des femmes, il s'agit de le démocratiser et de le normaliser comme un choix de vie aussi légitime qu'un autre. Peu mis en avant par les mouvements féministes ou par l'actualité, c'est un sujet tabou qu'il faut éclairer et banaliser pour que chaque petite fille d'aujourd'hui se sente légitime et libre de faire ses choix d'adultes.